lundi 16 février 2015

15 février 2015 : Thandwe -Sittwe

 Dimanche 15 février 2015 : Thandwe - Sittwe

Nous avons encore consacré l'essentiel de la matinée à lézarder et à prendre d'ultimes bains de mer. Nous avons rejoint l'aéroport, peu avant 13 heures, dans un vieux bus en bois (coques, sièges...) presque centenaire, très pittoresque et bien entretenu.



Inutile de dire que les formalités d'enregistrement et de sécurité, dans un aéroport comme celui de Thandwe, sont rapides ! Mais, curieusement, comme à l'arrivée, il faut passer par la case "immigration". Le touriste est vraiment pisté tout au long de son séjour, dès qu'il descend dans un hôtel et prend un avion, mais le sort des Birmans ne semble guère différent.

Notre vol ABZ  à destination de Sittwe (un ATR 72-500) a décollé, comme prévu, à 14 heures 10 pour atterrir quarante cinq minutes plus tard. Jadis appelée Akyab, Sittwe, située à 920 km au nord-l'ouest de Rangoon, est une création des Anglais en 1828, qui en ont fait la capitale de l'Etat de Rakhine (Arakan). Elle se trouve sur une île, là où la Kaladà, le Myu et la Lemyo se jettent dans le golfe du Bengale. La ville compte environ 181 000 habitants. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Sittwe fut l'un des théâtres de guerre les plus importants. La défaite des Japonais fut un tournant décisif de la guerre. C'est surtout pour nous le point de passage obligé pour nous rendre à Mrauk U (prononcer "miaou", ce n'est pas une blague !).

L'Arakan (dont faisait déjà partie la région de Thandwe) est un ancien royaume indépendant, protégé par une chaîne de montagnes qui lui a donné son nom. Ce serait la seconde région la plus pauvre du pays. C'est une région en proie à des tensions récurrentes entre la majorité bouddhiste et la minorité musulmane d'origine bengali des Rohingyas. Les Rohingyas sont considérés comme des immigrés clandestins par les autorités birmanes, alors que la grande majorité sont arrivés au 19ème siècle avec les Britanniques. Des troubles en 1992 avaient conduit à l'expulsion de 300 000 d'entre eux vers le Bangladesh. Depuis lors, les Rohingyas sont victimes de discriminations (nombreuses interdictions dont celle d'avoir plus d'un enfant) et d'intimidations notamment de la part des bouddhistes ultra-nationalistes très actifs dans l'Etat de Rakhine. L'agitation a repris en 2012 (graves émeutes ayant fait plus de 300 morts et ayant conduit à une véritable épuration ethnique à Sittwe) mais semble actuellement contenue et en aucun cas dirigée contre les étrangers. Pour autant, encore en ce mois de février 2015, le site "conseils aux voyageurs" du Quai d'Orsay dissuade toujours les Français de s'y rendre. Ayant eu tout loisir pour constater l'incapacité du Ministère à s'adapter à des situations évolutives, et sa pusillanimité, nous avons passé outre à cette recommandation, comme beaucoup d'autres compatriotes venus en groupe par le même vol que nous.

Un pick-up nous a déposés devant le Shwe Thazin Hôtel où nous nous sommes installés vers 15 heures. Dans chaque chambre, un petite affiche prie les clients de ne pas jeter leurs ordures par la fenêtre, mais de les déposer dans la corbeille prévue à cet effet !... 


Nous ne nous sommes pas attardés afin de profiter de la lumière du jour pour nous faire une idée de la ville. Main Road, où se trouve l'hôtel, ne connaît pas, en ce dimanche après-midi son activité habituelle. Le trafic des cyclistes, trishaws et autres pick-up est plutôt fluide. Nous avons réglé quelques questions matérielles (achat d'une carte sim pour tenter d'avoir des liaisons internet même en l'absence de wifi, de sirop contre la toux, retrait d'argent liquide), toutes choses simples sous nos latitudes européennes, pas toujours évidentes dans certaines villes de province d'un pays comme le Myanmar. Après un coup d'œil sur une des curiosités locales, la Tour de l'Horloge (Clock Tower) de 1887 construite dans le style Baltard, nous avons rejoint Stand Road qui semble avoir perdu nombre des édifices coloniaux et des maisons en bois, encore signalés dans les guides anciens. Les rues adjacentes et le rivage sont des cloaques repoussants. Le marché lui-même qui n'avait guère d'activité à ce moment de la semaine, avait un aspect peu engageant. Un marchand de riz nous a donné une idée du prix du riz (7 500 kyats le sac de 12 kg, soit 50 centimes d'euro le kg). Un coiffeur nous a montré qu'il massait en même temps les nuques des clients (mais gare aux cervicales !).



    à la pharmacie...

    chez le coiffeur-masseur...

    offrandes de nourriture aux oiseaux, une tradition birmane par laquelle on acquiert des mérites...

   un poisson séché coupé en lamelles, un cadeau très apprécié...




Les traces de la situation particulière qui prévaut dans l'Arakan prennent diverses formes quand on se promène en ville :  présence plus marquée qu'ailleurs des forces de sécurité (armée, police), pavoisement des habitations et des véhicules aux couleurs de la "fierté bouddhique", fermeture sur Main Road même, d'une mosquée d'architecture très ancienne, la mosquée Jama (construite en 1859), centre de la vie religieuse de Sittwe, fermée depuis les émeutes de 2012, qui tombe en ruine au milieu d'un jardin en friche. Elle semblerait promise à une démolition pour construire des logements...






    clichés volés de la mosquée désormais inaccessible...

D'un saut en trishaw, nous nous sommes rendus vers 17h30, au "point de vue", une pointe qui attire du monde au coucher de soleil. Nous avons eu recours, au retour, à un nouveau moyen de transport, le "vélo-side car", deux passagers pouvant voyager dos à dos dans une installation de fortune fixée au côté droit d'un vélo. En prenant la course, le pauvre cycliste n'a pas dû, sur le moment, se rendre compte du gabarit (et donc du poids) de ses deux passagers. Il a visiblement peiné et ne s'est pas fait prier, quand, conscients de l'effort fourni, nous avons finalement majoré le prix de la course...


Guitariste solitaire au coucher de soleil...

    le kitsh birman : fleurs en plastique pour coucher du soleil....   

    encore souriant... avant l'effort.

Sur le chemin de l'hôtel, nous avons été les témoins de la migration quotidienne à la tombée de la nuit et dans un vacarme assourdissant, des milliers de roussettes (grosses chauves-souris) qui ont élu domicile précisément dans les arbres qui sont en face de l'hôtel. 





Nous avons dîné de bonne heure, car le réveil demain sera matinal, dans un restaurant voisin de l'hôtel, River Valley, recommandé par plusieurs guides, mais qui a comme particularité d'avoir une carte sans... prix ! La cuisine servie était bonne et le prix, correct.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

N'hésitez pas à laisser un commentaire...