mardi 17 février 2015

16 février 2015 : Sittwe - Mrauk U

Il faisait encore nuit, quand un pick-up nous a pris à 6 heures 20 devant l'hôtel pour nous conduire à l'embarcadère du bateau partant pour Mrauk U en traversant une ville qui s'éveillait à peine. Des fidèles priaient déjà dans une pagode aperçue en chemin.

Les billets achetés (10 000 kyats par personne, soit 9 €) et le contrôle des passeports effectués, le tout en cinq minutes, nous avons embarqué dès 6 heures 30 sur un vieux rafiot à vapeur et assisté au lever du jour et à l'embarquement des passagers et des marchandises (sacs de riz et d'oignons pour l'essentiel).

A notre grande surprise, les étrangers étaient rares. A part nous deux, seules une Australienne d'origine indienne et une Sud-Coréenne étaient du voyage !  (Le groupe de seize Français rencontrés hier avait, il est vrai, affrété son propre bateau). Tous les quatre avons été invités à monter à l'étage supérieur et à bénéficier de sièges en bois numérotés ! Les autres passagers étaient des locaux et voyageaient, soit assis dans d'autres fauteuils en bois sur le pont inférieur, soit (pour un prix légèrement plus bas) assis en tailleur ou accroupis à même le sol, sur le pont où nous étions. Tous étaient chaudement emmitouflés, comme nous pouvons l'être l'hiver. Le pull, il est vrai, n'était pas superflu, tant l'air était vif à cette heure matinale.

Nous avons pu constater une fois encore la ponctualité des moyens de transports en Birmanie, après les trains et avions, le bateau maintenant (une nouvelle expérience !). Après un ultime coup de sirène, les deux planches servant de passerelle ont été montées à bord et les amarres larguées, à 7 heures précises. Le bateau a quitté le ponton au milieu d'un incroyable ballet de mouettes.


Tout au long du parcours d'environ 70 kilomètres, j'ai souvent songé au film de Joël Calmettes et Erik Orsenna, tourné à bord d'un bateau descendant le Niger... Tout au long du trajet, la vie à bord est un spectacle permanent. Des groupes se forment. Les gens discutent. A l'arrière du bateau, une cuisinière s'active avec des moyens de fortune pour préparer des plats chauds pour les passagers qui souhaiteraient s'alimenter. Des femmes déballent leurs propres provisions ou s'occupent de leurs bébés. Olivier a beaucoup bavardé avec nos deux consœurs.



















Le bateau a d'abord emprunté le large estuaire du fleuve Kaladan, puis a remonté son cours et celui du fleuve Henkayaw, un de ses affluents. Un peu plus d'une heure après le départ, nous avons dépassé la pagode Urittaung (XIVème siècle), juchée sur un promontoire, où Bouddha aurait vécu une vie antérieure comme disciple brahmane. Le trajet est jalonné de villages pittoresques de pêcheurs-éleveurs de buffles aux maisons de bois sur pilotis. Les animaux bien gras paissent paisiblement au bord de l'eau. Par endroit, une mangrove s'est développée. 

Le bateau n'a mis que quatre heures et vingt minutes pour rallier Mrauk U, sans arrêt. L'arrivée d'un bateau est toujours un événement dans ce bourg au passé glorieux (Mrauk U fut en effet capitale du royaume de Rakhine de 1430 à 1785). Les pick-up et autres trishaws sont agglutinés juste à la sortie et tentent d'attirer des passagers, a fortiori étrangers ! On a l'impression d'arriver à un bout du monde...




Nous avons pris congé de nos nouvelles amies, leur donnant rendez-vous à 17 heures à la pagode Haridaung, connue pour offrir un beau point de vue au coucher du soleil, et avons rejoint en pick-up notre hôtel, le Prince Hôtel, un peu à l'écart du centre ville. Le confort y est assez basique... Il faut avoir conservé une âme de routard pour en apprécier tout le charme...

Mrauk U a beau n'avoir que 20 000 habitants, l'agitation et le bruit sont ceux d'une ville bien plus grande. Les trishaws, pick-up et surtout les espèces de tracteurs à tout faire (transport de marchandises et de personnes), dotés d'un moteur sans capot à deux temps, font un vacarme insupportable et, dans cette ville où le bitume est un lointain souvenir, soulèvent des nuages de poussière fine très "burningmanienne", qui irrite la gorge et pénètre insidieusement dans les bronches. Quand on voit l'état des chaussées, on veut bien croire que la première averse tropicale venue les transforme en torrents de boue.




Une bonne surprise nous attendait à l'arrivée à l'hôtel. La liaison wifi, de façon très surprenante, fonctionnait bien, mais de façon intermittente. Nous devrions pouvoir combler peu à peu, au cours de ce séjour, le retard concernant le blog ! Je m'y suis tout de suite attelé pendant qu'Olivier organisait la suite de notre séjour et nous avons pu publier ce soir les journées des 11, 12 et 13 février !

Nous avons ensuite fait une première reconnaissance de terrain, dans un secteur un peu périphérique, à l'est de la cité. 



Juchée sur une butte, la pagode Pepsi Daung est en ruine. On pénètre à l'intérieur par quatre "portes" donnant directement sur quatre sculptures de Bouddha en pierre aux yeux de marbre pour trois d'entre elles, des ajouts sous doute destinés à s'attirer des indulgences.




Elle offre une vue d'ensemble sur le second édifice que nous avons visité, incomparablement plus important, la pagode Koe Thaung Dû. C'est la plus vaste de Mrauk U. Édifiée en 1553, elle est le fruit de la volonté du roi Min Taik Kha de faire mieux que son père, le roi  Minbin, bâtisseur de Shittaung qui ne compte "que" 80 000 représentations de Bouddha. Lui en fit réaliser 90 000 ! Toujours, cette idée de surenchère qu'on rencontre souvent en Birmanie, où l'on privilégie volontiers la quantité... L'ensemble a fait l'objet de travaux de restauration (pas toujours du meilleur goût) en 1996 et est impressionnant par ses dimensions, l'alignement sur plusieurs niveaux de 108 stupas et les différentes formes que prend la représentation de Bouddha (statues, statuettes, frises).









Au prix d'une petite marche sur une piste poussiéreuse, nous avons atteint la pagode Sakya Man Aung Ceti qui date de 1629 et est due au roi Thirithudhammaraza. L'ensemble formé par le stûpa central octogonal et les stupas latéraux est harmonieux. Il est gardé par deux géants grimaçants.


Nous sommes revenus au centre ville pour aller assister, comme prévu, au coucher du soleil depuis la pagode Haridaung, rendez-vous des touristes en fin de journée. Nous y avons retrouvé, outre nos deux amies du matin, le groupe de Français de Sittwe et un couple d'Italiens rencontrés dans l'après-midi.




C'était l'heure où l'absence d'eau courante dans les maisons oblige les habitants à se laver, torse nu et en longyi aux fontaines et aux puits dispersés dans la ville...

Nous avons dîné, dès 18 heures 30, au restaurant "Moe Cherry" (déformation de "Mon Chéri" ?), chaudement recommandé par différents guides et surtout par plusieurs des personnes rencontrées aujourd'hui, un repas presque trop copieux... Nous étions de retour à l'hôtel vers 19 heures 30.



Il n'y a bien sûr aucun éclairage public, mais entre la lumière des phares des véhicules (quand ils sont allumés) et les lumières faiblardes des maisons (pour celles qui ont un petit capteur solaire), nous avons réussi à cheminer sans nos lampes électriques, toujours à portée de main. Nous avons passé la fin de soirée sur la grande table de la terrasse de l'hôtel au côté d'autres touristes, chacun le nez sur son ordinateur portable, tout occupé à profiter d'une connexion internet tellement improbable dans ce bout du monde...

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